L'annonce du retrait de la vie politique de Jean-Pierre Raffarin donne l'occasion au Parisien.fr de publier un florilège de ses déclarations publiques. Je me souviens qu'une étudiante en C3M au CELSA, après l'avoir entendu en interview en tant que Premier Ministre, m'avait interrogé sur la différence entre une petite phrase et une formule. De mémoire, je crois lui avoir répondu que la première est dédiée à une situation donnée, par exemple Georgina Dufoix* et son : " Responsable mais pas coupable ". Ou encore " La France ne peut accueillir toute la misère du monde..." de Michel Rocard. Deux exemples malheureux pour leurs auteurs. Les propos tenus ayant été sortis de leur contexte, puis raccourcis avant de faire le buzz. En théorie pourtant, une petite phrase bien pensée en amont ne se déforme pas. Interrogé fin des années 80 par une équipe du Jour du Seigneur, je m'étais ingénié à en faire la démonstration. J'étais à l'époque salarié du diocèse de Montpellier. Mon contrat en alternance prévoyait une formation sur deux ans à suivre au CFPJ. Je m'entends encore répondre devant la caméra, "J'ai été embauché comme chrétien, j'en ressortirai comme journaliste". Bien entendu la séquence fut retenue au montage. Elle me valu au lendemain de sa diffusion une explication de texte avec Christian Doumairon, mon patron à l'époque. À l'inverse, une formule est plus intemporelle et tient du slogan, même si elle se veut avoir du fond. Inspirée par Cervantès ("Dar tiempo al tiempo"), souvenez-vous du le "Il faut laisser du temps au temps" de François Mitterrand. À cheval entre les deux genres, reste donc les "raffarinades". Inclassables figures de style d'un ancien directeur marketing chez Jacques Vabre devenu media trainer, elles ont donné autant à sourire qu'à réfléchir. Mais qui sait, peut-être révélaient-elles derrière le Phénix du Haut-Poitou un nouveau JFK. Le président US n'avait-il pas comme devise de "faire les choses avec sérieux sans se prendre au sérieux " ?
*sur 7/7 à propos de l'affaire du sang contaminé