C'est bien connu, qui dit élection d'un nouveau président de la république, dit nouveau portrait officiel du chef de l'Etat. Le moins qu'on puisse dire, c'est que celui de Nicolas Sarkozy ne laisse pas indifférent. Et la blogosphère de bruisser de divers commentaires consacrés à deux drapeaux trops grands, à une couleur de cheveux qui vire au roux, à un blason de livre qui donne au vainqueur du 2ième tour, une oreille à la Bayrou...
Il est vrai que l'image est riche en enseignements. Par exemple, sur un thème aussi sarkosien que celui de "la rupture", le nouveau président ne se démarque
guère des précédents hôtes de l'Elysée sous la
5 ième république. S'il rompt avec la photo d'un Jacques Chirac posant en plein air (ma préférée pour le côté nature et convivial), il renoue avec le cliché du
président de plein exercice (Charles de Gaulle puis Georges Pompidou), photographié de pied dans la bibliothèque Elyséenne. L'homme de pouvoir gagnerait il à apparaître en homme de savoir ?
A noter que tous deux prennent un très léger appui de la main sur la table. Ce qui n'est pas vraiment (selon les critères du média coaching) un signe d'autorité naturelle, mais
plutôt une amusante illustration du mimétisme
transgénérationnel en politique. Seul François Mitterrand est photographié en lecteur, un vélin de Montaigne à la main. Ce sera bien un des rares
livres qui aura été ouvert dans cette pièce. Car à en juger par les photographies ci-dessous (diffusées sur ouinon.net), les
rayonnages ne semblent guère avoir été bousculés au fil des présidences.
Car c'est bien le même même ouvrage au blason doré, (situé à la droite de l'oreille de Nicolas Sarkozy sur son portrait officiel), que nous retrouvons sur ces deux documents. Rangé
exactement au même endroit. De quoi confirmer la rumeur selon laquelle le photographe Philippe Warrin aurait eu un minimun de temps pour s'exécuter (seulement 20 minutes selon
ses dires) et surtout, se serait retrouvé sans
la présence d'aucun conseiller élyséen pour veiller au grain. Pourtant, tout chargé de communication sait que chaque détail compte lors d'un reportage photo ou télé et qu'il peut laisser une
trace durable dans l'esprit du public. Et lorsque le mal est fait, il est aujourd'hui pratiquement impossible pour un dirigeant de faire procéder à des retouches photographiques sans que la toile ne s'en
fasse quasi instantanément l'écho. Reste qu'une image en fait oublier une autre. Fort de ce principe, Nicolas Sarkozy donne l'impression de vouloir effacer un portait
officiel jaunie avant l'heure pour cause de bronzage trop voyant (au lendemain d'un WE à Brégançon) par une hyper exposition médiatique. Hélas pour lui, tous ses efforts ne
pourront empêcher que nous en retrouvions la reproduction dans 5 ans, tronant au dessus des isoloirs de chaque mairie où nous nous rendrons pour voter... Au fait, pour tous ceux qui ne croient
pas au transgénérationnel en politique, mais qui se demandent à qui peut bien leur rappeler Nicolas Sarkozy posant debout, le bras gauche le long du corps et la main légèrement crispée,
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