C'est vrai, si Patrick VIGNAL, député de l'Hérault, n'avait pas "fait" un malaise le jour du discours de politique générale de Jean-Marc AYRAULT, je ne me serais guère intéressé à cet exercice obligé de la République. Or, en regardant plusieurs extraits TV de l'intervention du nouveau Premier Ministre, il m'est revenu en mémoire l'une des vacheries attribuées en son temps à Marie-France GARAUD à l'encontre de Jacques CHIRAC : "Je pensais qu'il était du marbre dont on fait les statues en fait, il est des faïences dont on fait les bidets". Tout laisse penser, en visionnant ce montage de la prestation du Chef du Gouvernement, que le nouvel hôte de Matignon manque encore de l'assurance dont témoignent en toutes occasions les véritables leaders. Ainsi, dès 00.05, appelé à prendre la parole par Claude BARTOLONE, le visage du premier ministre reflète une tension intérieure très nette. L'œil droit est grand ouvert (le cerveau gauche contrôlant et rationnel prend le dessus), les commissures des lèvres sont tombantes (le moment n'est pas à la joie), la bouche est entre-ouverte (puisqu'il n'y a pas d'effet de surprise c'est peut-être du trac), le sourcil gauche est relevé (celui du doute sur soi-même), le front est marqué par des rides en vaguelettes (associées à la peur). A 00.08, nous retrouvons le célèbre geste de réassurance du boutonnement de veston par la main gauche (affective). Doublé par le dossier bleu contenant le discours qui vient se poser contre le ventre (siège des émotions). La suite ressemble à un long exposé sans charisme. Le regard est plus souvent sur le texte que vers les parlementaires. Notamment lors de passages clefs comme "Il n'est pas trop tard pour agir"à 00.27. La gestuelle appartient au registre M (modelé, mécanique, voire manipulatoire) : les gestes sont souvent doubles comme à 00.28 : index parallèles, mouvements des bras symétriques... Ils ont été appris et ne marquent aucune spontanéité. Reste qu' à certains moments, nous pouvons observer une belle congruence entre le discours et la gestuelle. Comme par exemple à 00.31, lorsque l'épaule droite (celle de la détermination) de JMA s'affaisse à l'évocation du poids de la dette (mais est-ce bien rassurant quand à l'état des finances publiques ?). Ou à 00.35, lorsque l'index gauche du Premier Ministre (qui symbolise ici la revendication du statut) pointe vers le ciel lorsque l'Etat est cité. Ajoutez le fait que Jean-Marc Ayrault accroche ses mains trop souvent sur son pupitre, images visibles sur le discours diffusé dans son intégralité sur le portail du gouvernement, cela donne au final une prestation assez scolaire. Attention, M. l'ex professeur d'allemand, à ne pas confondre les bancs de l'Assemblée Nationale avec ceux de l'école. Comme vous le rappeliez en ouverture de votre discours, cela faisait 26 ans que vous étiez assis parmi les parlementaires. Il serait temps à présent de passer dans la cour des grands...