S'il y a bien un signe flagrant de la préparation de son entretien avec Claire Chazal, c'est la présence avec lui du rapport du procureur Cyrus Vance. Le fait de l'avoir brandi à plusieurs reprises devant les caméras afin d'appuyer ses dires, prouve que DSK avait mis en scène préalablement son message. Et c'est de bonne guerre. J'y revenais d'ailleurs hier dans une interview accordée à ATLANTICO.fr. Le travail sur le Message est aussi important que la recherche du Ton juste. Or, comme dit le proverbe : qui trop embrasse mal étreint. A avoir trop anticipé silences, gestes (très bien relayés par le réalisateur) et paroles (faute morale, j'ai eu peur, ma femme m'a cru innocent dès la première minute...) pour chaque thème de l'ITV, Dominique Strauss-Khan a perdu en naturel, voire en crédibilité. Seuls les amateurs de non verbal pourront déceler de l'authenticité dans par exemple ses divers mouvements de langue (montrant tour à tour difficulté ou délectation), son intonation lorsqu'il parle du pacte qui le liait à Martine Aubry. Ou encore, l'expression de contentement sur son visage au moment de remercier Claire Chazal. Dimanche soir DSK n'a été lui-même, et donc très à l'aise, que lorsqu'il a fait part de son analyse sur la crise financière en fin d'entretien. Tout comme dans la vie, la question est de chercher ce qui se cache derrière le comportement ou plutôt, ce qui le motive. Il y avait certes un désir de réhabilitation, mais il me semble qu'il y avait aussi une volonté de se montrer utile dans l'avenir en apportant la preuve, une nouvelle fois, de son expertise sur les questions économiques internationales. Les portes ne sont donc pas fermées sur sa volonté de jouer un rôle politique dans un avenir proche. C'est la patiente reconstruction de l'image publique de l'ancien patron du FMI qui dira si cela est possible. A commencer par le résultat des sondages qui ne manqueront pas de suivre son passage au JT de TF1.