D’un point de vue communicationnel, le recours aux actions fortes peut s’expliquer ainsi : les salariés, entre fusion, rachat et changement de direction sont un peu perdus. Les restructurations fleurissent, les postes périssent. Les employés ne comprennent pas, manifestent pour garder leur emploi, ne sont pas entendus, et passent à la vitesse supérieure. Ce sont les médias qui les écoutent, à défaut d’un système de communication interne approprié qui aurait pu éviter, à tous, de biens mauvais moments.
En rédigeant l’article précédent, j’ai entendu à la radio que des salariés de Servisair Cargo « retenaient » leur PDG et Directeur Général à l’aéroport de Roissy, pour obtenir de meilleures indemnités de départ. La séquestration serait-elle devenue le nouveau procédé de négociation ? Ou est-ce le seul moyen pour les salariés de faire connaître leur combat, de placer leur entreprise sous le feu des projecteurs, de mettre au pied du mur leurs dirigeants ?
La question est alors toute autre : le recours à ces moyens forts est-il le résultat d’une mauvaise communication interne des entreprises ? L’ouvrier de 3M qui répondait à BHL sur le site du Point a écrit : « Quand nous sommes allés pour le rencontrer, le directeur est allé s'enfermer dans un bureau... Cette scène pour moi est l'expression du mépris de la direction à notre encontre […] » Où sont les conseillers en communication de ces entreprises ? Où sont ceux sur qui repose la cohésion d’une organisation ? Il faut croire que l’enjeu de la communication interne en temps de crise n’est pas toujours bien compris. Là où compassion, écoute et transparence sont de rigueur vis-à-vis de l’opinion publique, certains se tiennent à distance des salariés et gardent le silence.
Soulevant bien des débats, tant dans la sphère politique qu’au sein de la population, les séquestrations et menaces d’explosion posent la question des rapports entre direction et employés. A l’ère des grands groupes, des fusions et des plans sociaux à répétition, les employés ne savent plus à quel saint se vouer, et c’est vers les médias qu’ils se tournent.
Annabelle Huguenotte
Etudiante en Master 1 Communication des organisations - UCL