L’actualité de ces derniers mois ne vous a pas échappé : le climat social est très tendu. Les médias, transmetteurs de l’information, sont aussi un facteur de cette montée en puissance des actions salariales. La médiatisation est devenue un outil stratégique pour les employés.
Sony France, Michelin, 3M, Nortel France, New Fabris, Caterpillar. Quel point commun existe-t-il entre ces entreprises? Avoir fait la une de l’actualité pour séquestrations de patrons, prises d’otage ou encore menaces d’explosion. Ces événements ont-ils été mis en lumière par les médias ou la recherche de médiatisation les a-t-elle provoqués ?
Elise Lucet, le 15 juillet 2009, commençait son JT ainsi : « Les plans sociaux sont si nombreux depuis quelques semaines que l’on ne peut parler de toutes les entreprises en difficulté. Du coup, les salariés victimes de licenciements emploient les grands moyens ». Salariés et syndicats utiliseraient la manière forte, non pas par profond désespoir ou grande conviction, mais par besoin de s’assurer un écho médiatique. Une journaliste de France 3 déclarait que « l’expérience des derniers mois montre que les salariés qui font entendre leurs voix obtiennent de meilleures indemnités de licenciement ». Comment calmer les ardeurs des salariés lorsqu’ils entendent cela ? Les médias ne sont donc plus seulement le reflet des actions menées. Ils sont une des raisons pour lesquelles les employés en colère recourent à la violence, en menaçant de faire exploser leurs outils de travail.
J’utilise le terme « violence » parce que je pense qu’il n’y a qu’un pas entre les menaces et la violence
effective. Un délégué CGT de New Fabris déclarait, dans une interview diffusée le 24 juillet sur Lemonde.fr : « il a fallu mettre [les bombonnes] pour faire voir notre révolte
parce que tout le monde se foutait de nous, mais on n’est pas des voyous, […]». Espérons que tous ont en tête cette dimension symbolique de l’acte provocateur, et que l’irréparable ne sera pas
commis. Un salarié de 3M écrivait, en commentant un article de BHL sur le site du Point, « Oui, lors de cette triste affaire, j'ai appris à me méfier des médias qui nous encourageaient et
tentaient de nous manipuler à faire plus. » Si un drame arrivait, qui en serait tenu responsable ? Les syndicats et les salariés, probablement. Quid de la responsabilité des médias,
qui, en période estivale, sont à l’affût d’une info plus croustillante et originale que l’invasion des méduses sur les plages méditerranéennes.
Annabelle Huguenotte
Etudiante en Master 1 Communication des organisations - UCL