Emmanuel Macron en plein "en même temps" émotionnel le soir de la dissolution

C'est avec un regard de media trainer que je suis les soirées électorales. Parfois pour constater les progrès d'un client, le plus souvent par intérêt pour le comportement des invités en plateau. Ces moments riches en émotions finissent toujours par laisser transparaître ce que des heures de trainings s'efforcent de cacher. L'intervention du chef de l'Etat, dimanche 9 juin pour annoncer la dissolution, a été sur ce point riche d'enseignements. 

Ce qui a tout d'abord attiré mon attention ce sont ses... reniflements. Oui, tel un gosse à qui on enlève son doudou, le président de la République a émis plusieurs fois ce bruit caractéristique des personnes enrhumées ou attristées (à 1.19, 2.55, 4.21, 4.37).

Ensuite, il y a eu de nombreuses sorties de langue dont je me délecte régulièrement sur mon blog. Pour certains, ces micro-expressions expriment la difficulté d'une situation (0.38, 1.49, 2.10). À l'image d'un cycliste qui tire la langue au sommet d'une côte ou d'un élève de maternelle qui s'applique à colorier sans déborder. Pour d'autres, elles représentent une grimace symbolique en réponse à un tiers ou à une situation (4.20). Elles viennent généralement dans les deux cas après un mot sensible ou avant un passage délicat.

Mais le plus surprenant, ce fut ce double visage d'Emmanuel Macron. Regardez bien la photo d'illustration de cet article. Vous remarquez combien l'asymétrie de la face est importante ? Lorsque j'étudiais la Synergologie il y a une quinzaine d'années, cela me surprenait d'apprendre que nous pouvions montrer "en même temps" deux états d'esprit. L'un public, l'autre interne. Je m'explique. 

La moitié droite du visage, c’est ce que nous donnons à voir aux autres volontairement. Commandée par notre cerveau gauche elle compose un masque de circonstance. La gauche, en lien avec le cerveau droit, reflète à notre insu ce que nous vivons vraiment. Vous avez du mal à me suivre ? Prenez une feuille de papier et masquez alternativement le côté gauche puis droit du visage d'Emmanuel Macron.

À droite nous avons une expression neutre, avec peut-être une once de tristesse ou de compassion. À gauche, la commissure des lèvres est nettement plus remontée, signe à minima d'une certaine satisfaction. L'œil est moins ouvert, plus menaçant : "nous allons voir ce que nous allons voir". L'émotion véhiculée sur chacun des deux clichés est nettement différente. 

Si à présent je vous dis que cette technique est un classique des conférenciers et formateurs en communication non verbale. Et qu'ils s'appuient le plus souvent pour illustrer leurs propos sur des photos de criminels, vous allez certainement dire que je pousse le bouchon un peu loin. Autant que ceux qui accusent le PR d'être un pyromane ? 

Si en plus je rajoute que Jonathann Daval figure parmi ceux qui sont le plus cités par ces experts, je sens que certains vont tomber de leurs chaises. D'autant que pour le psychologue qui avait été appelé devant la cour d'assise à donner son avis sur l'accusé, nous étions en présence d'un sujet ayant "une mentalité d’enfant (...) capable de s’adapter et de manipuler pour susciter sur sa personne des sentiments positifs afin de parvenir à ses fins."

Le langage corporel porte d'entrée de la psychologie des profondeurs ? Parlons-en au cours d'une DISCussion dans le cadre d'une formation ou d'un coaching en communication interpersonnelle.