Parfois les retards de la SNCF ont du bon. Mardi j'ai scrollé sur X durant deux heures dans un TGV. Cela m'a permis de retomber sur plusieurs images likées ces derniers jours. Leur point commun est de nous rappeler quelques grandes règles du langage corporel appliquées aux politiques en campagne.
Par exemple ces images après la signature de l'accord entre partenaires du Nouveau Front Populaire. Pour savoir qui en ressort satisfait vous pouvez bien sûr vous fier aux sourires. Sauf qu'en les croisant avec la hauteur des coudes de ceux qui applaudissent vous avez un indice supplémentaire. De façon universelle plus les bras sont hauts, plus les gens sont contents. Cette "éléfaction", pour reprendre un terme de la Synergologie, se vérifie tous les soirs au théâtre lorsque la troupe vient saluer le public. À ceci près que vous pouvez également observer qu'elle main applaudit. Est-ce la main gauche qui vient taper sur la droite façon Marine Tondelier ? Dans ce cas le spectateur est enthousiaste, porté par son émotion. Ou la main droite sur la gauche ? Ce qui donne alors un profil analytique (Olivier Faure) qui apprécie en connaisseur, de manière plus mesurée.
Rachida Dati était en grande forme pour son passage dans C'est à vous ! Cet extrait démarre par une magnifique "plume de sioux" pour reprendre l'expression de Joseph Messinger. Soit le pouce associé à l'index, tandis que les autres doigts se déploient en l'air. Selon l'auteur du best-seller Ces gestes qui vous trahissent, elle caractérise l'abus de langage ("En quelques mois la France deviendra le Venezuela de l'Europe") et parfois la traitrise à la parole donnée. À noter également ses nombreux gestes kinétographiques. Véritables sous-titres du discours ils ont l'avantage, en mimant ce qui est dit, d'être particulièrement parlants pour le public. De quoi expliquer que la ministre de la Culture soit une bonne cliente des médias. Au risque de surjouer ses émotions, en communic'actrice cabotine qu'elle est.
Les présidents passent, certaines micro-expressions demeurent. Dans La Tribune vous pouviez voir un Emmanuel Macron avec les lèvres pincées, rentrées à l'intérieur de la bouche, commissures tombantes. Une contraction à l'opposé du pulpe présidentiel habituel. Elle me fait penser à la mimique d'un gosse qui n'en mène pas large après avoir fait une bêtise. Jacques Chirac a popularisé cette "bouche en huitre" après une remontrance de sa femme alors qu'il "z’yeutait" une élue socialiste lors de l'inauguration en 2009 de son musée à Sarran.
Je vous propose de terminer avec cette vidéo d'un élu républicain du Colorado. En pleine contradiction avec son programme pro-vie, ce candidat au Congrès américain doit expliquer pourquoi il a aidé financièrement sa petite amie à avorter, alors que son parti ne cesse de durcir les règles de l'interruption volontaire de grossesse. Les premiers temps de sa réponse sont un cas d'école : mouvement de recul sur sa chaise, prise d'appui avec le pied gauche (en lien avec le cerveau droit associé aux émotions), un silence de deux secondes. Observez ensuite sa main droite. Elle est la seule à être en mouvement. Cette exclusivité gestuelle se retrouve régulièrement lors d'interrogatoires de police. Signe à minima d'un discours préparé faisant appel au cerveau gauche de l'attention. Et lorsque l'inconfort mental est à son comble, la main se cache sous la table et rejoint l'autre.
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