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Un débat à qui perd gagne ?

Publié le 21 Avril 2022 par Daniel MURGUI-TOMAS in Au fil de l'actu, Communication non verbale, Média training

Vous me direz qu'en tant que media trainer c'est mon métier. Je suis de ceux qui mercredi soir ont regardé jusqu'au bout le débat d'entre-deux tours. Un duel télévisé où il y a eu plus de bas que de hauts. Midi-Libre, mon quotidien préféré, ne s'y est pas trompé en titrant dans son édition de jeudi "DU TACLE AU TACLE". Des multiples commentaires qui ont suivi je retiens celui à chaud de Victor Ferry. Le créateur de l'Atelier de rhétorique nous rappelle opportunément l'une des règles de base de ce type de joute oratoire : "passer autant de temps, voire plus, à attaquer les idées de son contradicteur qu'à défendre les siennes". Pas vraiment ce qu'a réussi à faire Marine Le Pen, si ce n'est placer quelques petites phrases mordantes. Philippe Moreau-Chevrolet, communicant et enseignant à Sciences Po, livre dans LeParisien.fr une analyse convergente. Pour lui "Emmanuel Macron a renversé la charge du bilan en dénonçant les votes du RN à l'Assemblée Nationale". Dénoncer et déconstruire pour mieux défendre son bilan en démontant le projet de son adversaire. La stratégie d'Emmanuel Macron en a-t-elle fait le grand gagnant de cette soirée ? Rien n'est moins sûr.

Frédéric Says, dans son billet quotidien sur France Culture, évoque un président candidat suffisant. Arrogant même selon Pascal Haumont. Comédien devenu consultant en communication, il observe une mélenchonisation non verbale de l'actuel locataire de l'Elysée. Et de s'interroger : ce mimétisme relève-t-il d'une stratégie pour séduire une partie des électeurs insoumis ? Si Marine le Pen a limité la casse en terme d'image publique, Emmanuel Macron a perdu quand à lui une sacrée occasion. Celle de convaincre les indécis du second tour. Au vu de sa gestuelle et du ton adopté, beaucoup de ceux qui envisageaient de ne pas lui apporter leur voix se voient confortés dans leurs choix. Un adage américain dit que dans un débat il y a deux types de gens : ceux qui veulent gagner et ceux qui veulent avoir raison. Il semble qu'Emmanuel Macron, adepte jusqu'au bout du "En même temps", ait voulu jouer sur les deux tableaux. Pas certain qu'au final il ramasse la mise. Techniquement Marine le Pen a été faible. Affectivement elle a fait fort. Ses multiples failles l'ont rendu plus proche des spectateurs. Au point que beaucoup ont pu s'identifier à elle. De quoi favoriser un vote par projection à défaut d'être par adhésion à ses idées. Un "qui perd en crédibilité gagne en sympathie", qui pourrait ne pas être sans conséquence en cas de score serré dimanche 24 avril. Pas de quoi fouetter un chat. Vraiment ?
 

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