Diffusé jeudi sur France 2, l'excellent documentaire "L'enfer de Matignon" signé Raphaëlle Bacqué et Philippe Kohly, m'a remis en tête une prestation TV particulièrement calamiteuse. Celle où Laurent Fabius, alors premier ministre, s'emporta contre Jacques Chirac, accompagnant son énervement d'un geste méprisant de la main. Impossible de trouver plus parlant pour souligner le primat d'une image sur les mots. Ces mêmes mots qui, s'ils frappent notre imaginaire, peuvent avoir un effet déplorable en termes d'image publique. Prenez par exemple la récente déclaration de Marie-Luce Penchard. Pour elle, la manne de l'Etat doit continuer de privilégier le département de la Guadeloupe. Quitte à ce que se soit au détriment des autres DOM-TOM. Sur le plan électoral, les propos à double tranchant de la ministre de l'Outre-Mer risquent d'être dévastateurs à la Réunion, en Martinique ou en Guyane. C'est la candidate aux régionales qui s'est exprimée, pas la membre du gouvernement, expliquent depuis les représentants de l'UMP. Dont acte. Mais en laissant parler ses tripes plus que de raison, l'ex conseillère à la présidence de la République a joué le registre de l'émotion. Or n'est pas Nicolas Sarkozy qui veut. La règle première en media training est de parler à chacun de ce qui le touche. Surtout pas d'exclure une partie de l'opinion. Ou pire, de créer durablement un ressentiment. Nourrir les manchettes des journaux oui. Ressortir les machettes (même budgétaires), non !