Mon dernier souvenir de lui est une interview au domaine de Grammont. Je travaillais alors pour Radio Maguelone. Je ne me souviens plus du thème de l'entretien. Par contre, j'ai encore en mémoire l'image de l'index droit du maire de Montpellier, écrasant une fourmi venue se faufiler entre nous. Tout un symbole diront certains... J'ai beaucoup appris, jeune journaliste, en suivant ce monstre politique. Comme me le disait ce soir au téléphone une amie : "Avec la mort de Georges Frêche, c'est une page qui se tourne. Car après tout, il était un peu ton père spirituel". Oui, l'homme m'avait marqué par son intelligence, sa grande érudition, son sens politique, ses roublardises... Au point d'être devenu, je pense, son premier imitateur. Alain Thomas, rédacteur en chef de Radio-France Hérault, m'avait même demandé d'assurer en 1985 le canular radiophonique du premier avril. Il s'agissait d'annonçer à l'antenne la fin de je ne sais plus quels grands travaux. Montpellier était alors une ville surtrouée, autant que surdouée. Monté à Paris, j'ai suivi depuis via les médias, les tribulations de "l'empereur de Septimanie". Comme beaucoup, j'ai souvent déploré ses petites phrases. Et plus particulièrement l'exploitation qui en était faite lorsqu'elles étaient tirées de leurs contextes. Reste que pour reprendre l'expression de Catherine Ney, si en Languedoc-Roussillon "voter Blanc a été longtemps synonyme de voter nul", j'ai toujours eu le sentiment que voter Frêche c'était miser sur l'avenir. Ce soir, le site Internet de Midi-Libre n'était temporairement plus accessible, tant les connexions se sont multipliées après l'annonce du décès du président de la région LR. Signe que s'il n'était pas forcément un grand homme aux yeux de tous les languedociens, il ne laissait personne indifférent.