Il n'avait ni casque et ni lance avec lui ce matin. Pourtant, au micro de RTL, François Baroin a une fois de plus joué au pompier qui éteint l'incendie de la polémique. Ex journaliste radio, le porte parole du gouvernement a tenté, non sans talent, de désamorcer les propos explosifs du nouveau ministre de l'intérieur. Claude Guéant avait hier suscité l'émoi du parti socialiste et mis en joie Marine Le Pen en déclarant : "Les Français, à force d'immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux." En faisant remarquer à Jean-Michel Apathie qu'il faut surtout retenir le mot "incontrôlée" dans cette phrase, le ministre du Budget défocalise en s'appuyant sur l'une des missions régaliennes (et non pas Reagan iennes) de l'Etat : lutter contre l'immigration clandestine. Reste que le mal est fait. Le poids des mots du locataire de la place Beauvau devrait peser dans le résultat des prochaines cantonales. Mobilisant la gauche pour les combattre, décomplexant les électeurs de droite tentés de voter FN. Car bien entendu, toute la force de la petite phrase du 1er flic de France tient dans le raccourci qu'elle induit : "Les français n'ont plus le sentiment d'être chez eux". Une photo mentale bien choquante, comme les aime notre cerveau reptilien, particulièrement friand de pensées anxiogènes.