"Il n'y a pas de hasards, il n'y a que des rendez-vous". Cette pensée attribuée à Paul Eluard m'est immédiatement revenue à l'esprit quand, en 2023, j'ai été contacté par l'Agence Nationale du Sport pour animer des sessions de groupe en media training. Mes échanges avec les participants, qu'ils soient entraineurs olympiques et paralympiques ou DTN (Directeur Techniques Nationaux), m'ont convaincu qu'une prise de parole publique se prépare de la même façon qu'une épreuve sportive.
À commencer par bien se connaître sur le plan physique et mental. Là encore, je suis bluffé par les parallèles existants entre les stratégies d'un coach sportif et celles d'un media trainer. Dans les deux cas il s'agit de jouer sur les synergies corps-esprit. L'un venant généralement au secours de l'autre en cas de grosse fatigue ou de pression. Les interviews à chaud de médaillés durant les JO de Paris sont sur ce point riches d'enseignements.
Devant nos écrans TV, nous pourrions penser qu'un athlète en voit de toutes les couleurs avant d'atteindre les marches du podium : régime alimentaire sévère, entrainement intensif, vie personnelle sacrifiée... Pour reprendre la terminologie du DISC, ceux qui gagnent sur la durée sont en réalité ceux qui vivent en harmonie avec leur(s) couleur(s). Se connaissant bien, ils savent puiser au fond d'eux-mêmes de quoi se surpasser le jour J.
Dans sa version Arc-En-Ciel, le modèle DISC développé par le psychologue américain William MARSTON reprend les types psychologiques de Carl Gustav JUNG. Outre notre perception du monde : hostile ou favorable, il donne à comprendre comment nous nous adaptons spontanément à notre environnement. Que cela soit via des stratégies de réussite ou de survie. En football par exemple, un profil DISC révèle les tempéraments disposés à être des attaquants et ceux plus à même d'assurer en défense.
Récemment j'ai mis en ligne une vidéo consacrée à la prise de parole en public en m'appuyant sur l'approche AEC DISC. Son objectif était de rappeler la nécessité de prendre en compte les grilles de lecture des différentes couleurs présentes dans un auditoire. Il en existe quatre principales correspondant aux initiales qui composent l'acronyme DISC. Soit le rouge pour le D de Dominant, le jaune pour le I d'Influent, le vert pour le S de Stable et enfin le bleu pour le C de conforme. Chacune de ces couleurs est susceptible de s'associer avec sa voisine, ce qui donne huit grandes familles au total.
Si le DISC booste la communication interpersonnelle, il donne également la possibilité de gagner en performance individuelle ou d'équipe. À condition de prendre en compte les besoins de chacun en lien avec ce qui les met en mouvement, à savoir leurs motivations. Sur ce plan, l'approche de Thomas SAMMUT est particulièrement inspirante. Dans un entretien accordé dimanche 28 juillet sur France Inter, le préparateur mental de Léon MARCHAND rappelle l'importance pour un athlète d'être heureux.
De fait, déclarer : "J'ai horreur de la compétition parce qu'on n'apprend rien de se battre contre les autres. Ca crée de la distance entre les hommes" relève d'une énergie verte dans le DISC. Poursuivre en rajoutant : "Moi la compétition je la vois pour aller chercher ce qui a de meilleur en nous" montre qu'il est possible de composer avec son opposé, sa part d'ombre au sens jungien, ici la couleur rouge.
Il se trouve que depuis bientôt trente ans j'apprends à mettre le meilleur de sa personnalité au service d'un message. Avec ces dernières années un profil Arc-En-Ciel DISC en appui. Je ne peux donc qu'adhérer aux propos de Thomas SAMMUT pour qui l'obligation de résultat est une entrave à la réussite. "Toujours faire mieux que la veille, plus loin, plus fort finit par être épuisant". Ce qui est important selon lui c'est d'être en accord avec ses aspirations profondes. "Aligné avec soi-même" dirait le media trainer qui travaille avec ses clients sur le lien existant entre leur histoire, leur vision et leur action.
Le cas de Florent MANAUDOU en 2012 se voyant plus petit que ses concurrents, alors qu'en mesurant deux mètres il était plus grand qu'eux, illustre combien se juger uniquement à l'aune de nos manques ou défauts est une impasse. À contrario, une perception juste de sa personnalité profonde facilite l'identification de ses ressources. "On n'invente pas quelqu'un, on le révèle" me confiait l'un de mes patrons avant ma première grosse mission en media training politique. J'ai compris depuis qu'une bonne connaissance de soi permet de faire la différence en sachant s'adapter à la situation comme à ses partenaires de je(u).
Article paru initialement dans Des Mots qui Touchent sur Linkedin