Un président ne devrait pas se tenir comme ça (suite)

Qui imagine le Général de Gaulle se tenir ainsi en conférence de presse ? Ou plus simplement un collaborateur lors d'un entretien annuel ? Je vous invite à faire l'expérience de couper le son et de visionner en accéléré la dernière prestation TV d'Emmanuel Macron. Vous pourrez observer des cycles successifs de mouvements des mains rappelant tantôt ceux de François Mitterrand, tantôt ceux de François Hollande, tantôt ceux de Nicolas Sarkozy. Au risque de me répéter, un président ne devrait ni bouger, ni se tenir comme cela. Tout particulièrement lorsqu'il adopte une posture de fin de banquet, dos en arrière et ventre en avant, pour écouter une question.

Bien sûr il y a eu aussi durant ces deux heures de beaux gestes cadres, bras et mains parallèles. Ou encore d'habiles doigts compteurs, en commençant par le pouce. Sauf que tout ceci n'est que du "cinéma", sans réelle conviction. Un rythme gestuel qui accompagne le rythme prosodique, dépourvu de toute authenticité. La preuve ? Regardez en replay la soirée de décryptage qui a suivi sur BFMTV. La chaîne a souvent mis côte-à-côte à l'écran des images du PR répondant à la presse et un invité en duplex. Dans la plupart des cas les gestes d'Emmanuel Macron ponctuent parfaitement les propos du politique qui réagit en direct.

À trop admirer Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron risque bien de finir comme lui. En président de la République démonétisé, ayant perdu son capital confiance et autorité auprès de l'opinion publique. Pas certain même qu'il conserve le troisième marqueur travaillé en media training, celui de la sympathie. L'un des secrets pour le maintenir à un haut niveau c'est de sourire. Pascal Humeau, qui a préparé Jordan Bardella à ses premières interviews, donne à ce sujet un témoignage instructif dans l'émission Complément d'enquête sur France 2.

Mercredi, Natacha Polony traitait le Président de la République de "comédien jouant à l'homme d'État". De fait, à un âge où certains n'aiment pas se montrer, ce n'est pas le théâtre qu'il faut rendre obligatoire au collège. Ce sont plutôt les techniques de communic'acteurs dans les Instituts d'Etude Politique. Outre le fait d'apprendre à bien se connaître, elles demandent de s'appuyer sur de solides valeurs pour construire un discours en accord avec son personnage public. Soit tout l'inverse des conseils de communicants pour bien passer à la télé, à base de formules et de gestes passe-partout.