Dans mon dernier article je suis revenu sur le parcours intérieur de tous les orateurs. Se connecter à une Motivation profonde qui donnera de la force à votre message. Se donner ensuite l'Autorisation de prendre la parole, quitte à s'affranchir du regard des autres. Être enfin dans l'Incarnation de son personnage public. Avec le deuxième volet de cet abécédaire inspiré du mot MEDIA TRAINING, ce sont les lettres É, D, G et T qui vont nous livrer leurs secrets.
Pour reprendre une citation qui m'est chère de Maya ANGELOU : "Les gens oublieront ce que vous avez dit, ils oublieront ce que vous avez fait, mais n'oublieront jamais ce que vous leur avez fait ressentir." Joie, colère, tristesse, peur, dégout, surprise... Que vous preniez la parole en public ou dans les médias, vous vous devez de véhiculer des Émotions via votre discours ainsi que votre langage corporel. Si vous n'en générez aucune, vous ne donnerez guère de chance à vos propos d'être mémorisés. Normal, ils n'auront pas suscité de réactions chez ceux qui vous écoutent. De ce point de vue, les réseaux sociaux, grands consommateurs d'émotions fortes, ne font que reprendre une longue tradition orale. C'est d'ailleurs le cœur de ma méthode CIBLES. Vous pouvez convaincre via l'articulation de vos arguments. Mais vous n'arriverez à persuader qu'en parlant à chacun, via les sentiments qui lui sont les plus familiers.
La deuxième clé réside dans la lettre D de Dialogue. Lors d'un meeting vous ne parlez pas à 1000 personnes, mais bien à 1000 fois 1 personne. C'est pareil via un écran. Même entouré d'amis un un téléspectateur (ou un internaute) reçoit vos paroles comme s'il était seul avec vous. Concrètement, privilégiez le "Vous "plutôt que le "Je" dans votre adresse à l'auditoire. Regardez la salle ou le journaliste comme vous le feriez lors d'une conversation, afin de dialoguer avec les yeux. Tous auront ainsi l'impression que vous vous adressez à eux spécifiquement. Sachant qu'en télévision le public s'identifie toujours à l'interviewer. À l'oral, le dialogue doit également avoir lieu entre la tête pour les arguments, le cœur pour les émotions et bien sûr le corps pour l'impact. Ce qui nous conduit tout naturellement à aborder le G du mot Gestes.
Sans gestes, impossible de maintenir l'attention. La pensée est mouvements. Vous exprimer avec les mains permet à l'auditoire de suivre plus facilement votre raisonnement. Cela fluidifie également vos idées. Longtemps je me suis amusé à classer nos gestes en jouant sur mes initiales. Vous observerez facilement lors d'un talk-show, comme derrière un pupitre, des gestes de Dialogue. Spontanés, leur cadence et leur amplitude véhiculent votre énergie, vos convictions, votre enthousiasme. La deuxième catégorie gestuelle, dite Mécanique, est à éviter. Elle est souvent le fruit de formations où le client est transformé en pantin. Cela donne des gestes creux comme celui du piston, composé du pouce et de l'index qui montent et descendent mécaniquement. Ou encore les mains positionnées verticalement sur la tranche qui effectuent des va-et-vient de haut en bas en parallèle. Je passe sur la troisième famille de gestes, celle des Tribaux. Ils sont propres à une culture ou à un secteur professionnel. C'est le cas du "coupez" au cinéma, où la pointe des doigts d'une main vient taper sur la paume de l'autre.
En synthèse des trois notions évoquées : Émotions à partager, Dialogue avec le public, Gestes pour une pensée en mouvement, il nous reste le T de Ton. Vous avez, j'en suis sûr, encore en tête les détournements vidéo de la campagne présidentielle de Valérie Pécresse. Si la candidate LR a pêché, c'est bien par son complet décalage avec les réactions de la salle. Ses textes lus sur prompteur de façon scolaire. Remarquez ici les limites d'un entrainement "maison" assuré par un comédien et un avocat amis. Plutôt qu'un travail sur l'éloquence, c'est apprendre les techniques de communic'acteurs dont aurait eu besoin la présidente d'Île-de-France. Votre façon de parler est ce qui va le plus jouer à la fois sur votre crédibilité, la confiance que vous inspirez et la sympathie que vous dégagez. Ne pas pas avoir le ton juste c'est montrer que vous n'êtes pas en phase avec ce que vous dites. Faute d'avoir écrit votre texte ou d'y adhérer. Un comble pour une politique. Ainsi l'Histoire retiendra un Emmanuel Macron en 2017 qui en perdant sa voix lors d'un discours gagna celles des français. Cinq ans plus tard son adversaire de droite, à défaut d'avoir su placer la sienne, perdit celles de ses électeurs.
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