
Que c'est long une journée de porte-parole de gouvernement. Ça commence en se levant tôt pour une interview dans une matinale et se termine tardivement en participant à un talk-show chahuteur en access prime-time. De quoi avoir des circonstances atténuantes lors de la reprise du mot piège dans des réponses construites sur le modèle d'une dénégation : " C'est pas le sujet du cadeau aux riches " (7'18), " Non ça n'est pas une maladresse " (16'52). Ou encore pour s'être trompé d'auteur dans une citation (2'15). Et puisque le ministre a eu la bonne idée de créer le hashtag #CiteCommeGriveaux afin de déminer par l'auto-dérision la polémique qui a suivi cet incident, je propose un #AssureCommeGriveaux. Car durant les quelques minutes où je l'ai écouté sur France Inter jeudi matin, j'ai entendu quatre leçons de com' qui témoignent d'une certaine habileté en direct. La première à 9'39 est d'utiliser le registre de la proximité. Son " Mes enfants vont à l'école publique. Mon fils il est au CP " le place habilement au même niveau que les auditeurs. Deuxième carte jouée, celle de l'humour. Depuis de longues secondes Benjamin Griveaux s’emmêle les pinceaux entre mobilité et programmation pluriannuelle de l'énergie. Après plusieurs " euh " révélateurs de son inconfort mental il s'en excuse à l'antenne (14'59) et reconnait mériter " un double pan sur le bec " eu égard aux excellents scores d'audience de la station. Nous retrouvons ensuite un classique du media training : la défocalisation (18'44). À la question " Où trouve-t-on des voitures à 5 000 € ? " le ministre répond à côté en parlant sites Internet qu'il ne peut nommer, où se vendent " des véhicules d'occasion moins polluants (...) de cinq ans d'âge ". OK, mais avec combien de kilomètres ? Enfin le recours au pathos à 21'25. Figure incontournable pour ramener le discours sur le terrain de l'affect et des émotions. Dommage qu'il faille pour cela culpabiliser celles et ceux qui en grande précarité se plaignent de l'augmentation des taxes, en induisant qu'ils ne prennent pas en compte la santé des générations à venir.