À un journaliste qui m'interrogeait il y a peu sur le côté " spontanée " de Ségolène Royal, j'ai répondu que la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie fait avant tout dans... l'instantané. Au risque parfois de tomber dans le cliché. Les yeux rivés sur les enquêtes d'opinion, la candidate PS à l'élection présidentielle de 2007 fait partie de ces politiques qui lorsqu'ils perdent une élection, pensent aussitôt à la manière dont ils pourront gagner à nouveau la bataille de l'opinion. Il leur faut pour cela trouver un combat consensuel à mener qui soit bon pour leur réputation. Quitte à désigner un bouc-émissaire si besoin. Ses dernières prises de position : création de potagers dans les écoles ou encore lutte contre une célèbre pâte à tartiner, prouvent combien Ségolène Royal mérite de décrocher la palme de l'huile gouvernementale qui identifie le mieux les thèmes dans l'air du temps. Bien sûr, cela lui demande des talents de communic'actrice lorsqu'elle rencontre la presse. Ségolène Royal est devenue la reine d'une figure bien connue en média training : la défocalisation. Son principe consiste à répondre à côté de la question posée par un journaliste, pour mieux en revenir à son axe de communication. Une sorte de grand écart sémantique. Le 15 juin dernier, l'ex députée des Deux-Sèvres a pu témoigner dans le Petit Journal de son art consommé de ce détournement dialectique. Sur le plateau de Yann Barthès, la madone du Poitou était invitée dans un premier temps à commenter un savoureux montage sur ses tautologies et autres facilités de langage. Puis à 16:30 sur la vidéo, à réagir sur ses prouesses en matière de transitions... médiatiques. Nous y voyons alors la numéro deux du gouvernement passer sans complexe de l'affaire Jouyet à un robot dans l'espace ou de l'affaire du jet de Manuel Valls à la restauration de l'Hermione. Mais attention, une telle aisance n’empêche pas les sorties de route. C'est en effet au cours de ce passage sur Canal, que Ségolène Royal a lancé son offensive contre Nutella . Une mise à l'index qui lui a valu dans les heures qui suivent d'être montrée du doigt par l'ensemble de la classe médiatique et de se retrouver chocolat.