Voici la Une de The Economist, choisie parmi tant d'autres pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo. Certaines n'étaient ni connues, ni même journalistes. Ces innocents sans défense sont tombés au nom d'une vision fondamentaliste de la religion musulmane. Leurs bourreaux probables ont à peine trente ans. Élevés au biberon cathodique, ce sont des enfants de la télé en quête d'identité. Leur massacre filmé et retransmis par les télévisions du monde entier donne enfin un sens à leur existence. Pire, il assure la promotion de leur organisation terroriste et fait monter les enchères entre courants rivaux. Ce soir j'ai mal à mon époque, incapable de se libérer du dictat de l'image. Au point que celles véhiculées par les JT ont probablement concouru au massacre du 7 janvier 2014. Il n'y a en effet plus de frontières, pour certains esprits mal terminés, entre le virtuel et le réel. La puissance de suggestion des médias audiovisuels est sans limite. Elle est à l'origine d'une loi de répétition bien connue en psychologie sociale. Pour autant, patrons de chaînes et public continuent de privilégier le sensationnel aux infos. Quand allons-nous arrêter de donner une audience quotidienne aux intégrismes ? Avons nous besoin d'un nouveau dessin à l'encre rouge sang pour comprendre ? Arrêtons de diffuser pour les uns et de regarder pour les autres, des extraits vidéos qui consacrent la bêtise alliée à la barbarie.