LeMonde.fr dans son édition de vendredi a tenu à montrer les différences de programme qui existent entre Marine LE PEN et Jean-Luc MÉLENCHON. Initiative pertinente, tant certains télé-électeurs dépités pourraient être tentés de voter indifféremment pour l'un ou l'autre de ces deux candidats. Leurs discours se ressemblent tellement sur la forme. Même sens de la formule. Mêmes gestes amples et hauts. Mêmes axes sagittaux supérieurs. Mêmes mouvements de sourcils qui captivent l'attention et assoient l'autorité...Quand au fond, leurs imprécations communes à l'encontre des puissants et des journalistes leur valent en retour de fortes audiences et... le qualificatif partagé de populistes. Pas évident pour des consom'mateurs d'images sans convictions fortes, de s'y retrouver entre deux marques aussi proches et deux porte-paroles aussi bons communic'acteurs. Pourtant, en prenant le nom de Front de Gauche, la coalition conduite par l'ancien sénateur PS de l'Essonne s'est inscrite comme le pendant du Front National. Au risque de produire les mêmes dégâts collatéraux. Je m'explique. Longtemps le FN fut dénoncé par la droite française comme une pièce maitresse de François MITTERRAND afin, par le jeu des triangulaires, de faire perdre leur majorité à de nombreux élus locaux RPR ou UDF. Et voici que trente ans plus tard, apparait sur l'échiquier politique français une créature capable d'empêcher le candidat socialiste de se qualifier pour le deuxième tour de l'élection présidentielle. Car si Nicolas SARKOZY est extrêmement bas dans les sondages, sa seule chance de se qualifier pour le second tour en mai 2012, est de voir Jean-Luc MÉLENCHON grignoter 2 à 3% d'intentions de vote à François HOLLANDE. Ce serait alors suffisant pour que le chef de l'Etat puisse, comme Jacques CHIRAC en 2002, se retrouver en position de fédérer tous les républicains face, cette fois, à la candidate du FN. Vous me direz, tout ceci n'est qu'un mauvais trip dans la perspective d'un dimanche gris parisien. Le candidat PS est actuellement en tête des sondages et c'est François BAYROU, à en croire l'Express, qui fait figure d'homme surprise. Désolé Christophe BARBIER mais, quitte à changer de métier, je vous fais le pari que ce n'est pas encore cette année que le patron du MODEM s'installera à l'Elysée. Trop conceptuel, trop centré sur lui, (il parle plus dans les médias de sa 3ème candidature qui cette fois devrait être la bonne, que de son projet pour la France) et sans réel charisme (souvenez-vous de ce que René ZAYAN disait de lui dans son documentaire "Coupez le son"). Pour autant, ne "mélanchon pas tout" si j'ose dire façon GISCARD ;-). Si à nouveau le PS devait se retrouver exclu du 2ème tour, il ne faudra pas en rejeter la faute sur le patron du Parti de Gauche. Cela indiquera simplement qu'il fallait commencer par unifier toute la gauche plutôt que de miser sur de simples primaires socialistes. Et si j'en crois l'une des définitions qu'en donne la psychologie politique, un leader "représente à la fois l’incarnation d’un projet collectif et l’adhésion du plus grand nombre." Pas vraiment le portrait robot de François HOLLANDE. Du moins jusqu'à jeudi et la présentation de son programme...