Mon premier conseil avant de prendre la parole en public ou dans les médias c'est d'avoir quelque chose à dire. Ne souriez pas. Derrière cette lapalissade se cache une réalité rappelée il y a peu par le sénateur Claude Malhuret en une formule assassine à l'adresse de LFI : "Rien n'est plus sonore que ce qui est creux".
La pluie d'hommages après le décès de Robert Badinter souligne en revanche la force que donne à un discours sa connexion avec un cheval de bataille. L'histoire retiendra de l'ancien garde des Sceaux de François Mitterrand son combat pour l'abolition de la peine de mort. Mais il y eu aussi celui en faveur de la dépénalisation de l'homosexualité ou encore sa décision de fermer les QHS (quartiers de haute sécurité) en tant que ministre de la Justice.
L'alignement entre ce qu'il est, ce qu'il fait et ce qu'il dit, signe le grand communic'acteur et lui permet de se faire entendre de tous. Au point de voir son message lui survivre après sa mort. Sur ce plan Robert Badinter est un modèle. Car c'est bien son parcours professionnel (la condamnation à mort d'un client) qui a inspiré au jeune avocat sa mission, puis le partage d'une certaine vision de la société. En témoignent les sujets TV qui depuis l'annonce de sa disparition sont diffusés par toutes les chaînes.
À la différence d'un comédien qui dit ceux d’un autre, en tant que communic'acteur ce sont vos propres mots qui nourrissent vos interventions publiques. Il est donc essentiel de choisir très tôt un sujet de prédilection qui vous tient à cœur. Au point d’en faire, comme ce fut le cas pour Robert Badinter, la priorité de votre vie.