Qu'il s'agisse d'un media training ou d'une formation en relations presse, j'alerte à chaque occasion mes clients sur les dangers du " off the record ". Une pratique popularisée par les déjeuners politiques sur laquelle revient abondamment Le bal des dézingueurs. Dans ce livre écrit à quatre mains, nous sont dévoilées les coulisses des rubriques " confidentiels " et autres " fil rouge " de nos journaux. La règle du jeu veut que les propos tenus hors micros par un ministre ou un responsable de parti ne soient jamais repris. Et s'ils le sont, que leur auteur ne s'en voit pas attribuer la paternité. Généralement l'expression " selon l'entourage " permet de préserver l'anonymat de la source. Laurent Bazin et Alba Ventura enchaînent les anecdotes savoureuses sur ce marché de dupes. L'essentiel de leur enquête porte sur des vacheries recueillies autour des meilleures tables de Paris. La pratique des fausses confidences entre la poire et le fromage est à ce point instituée dans les allées du pouvoir que le titre " Les papilles de la nation " aurait pu figurer en couverture. Mais attention, si nous sommes en présence de professionnels aguerris lorsqu'il s'agit de ministres ou de collaborateurs de cabinets, il en est tout autrement avec des patrons de PME. En dehors d'une invitation au restaurant accompagné-e de votre attaché de presse, le " off " n’existe pas. De partenaires en région, les journalistes deviennent mercenaires lorsqu'il s'agit d'équipes venues de Paris pour réaliser un reportage. Course à l'audience (ou au tirage) oblige, il est courant que des paroles prononcées sans aucune méfiance en début d'entretien par un chef d'entreprise soient utilisées. Vigilance tout particulièrement lors d'un tournage TV. Un relâchement au moment où le micro se coupe peut être mortel. Intervenir en communication de crise m'a appris qu'il n’y a pas de "avant ", " pendant " et " après " une interview. Car tout peut être mis à l'antenne. Particulièrement lors d'une interview par téléphone. D'ailleurs c'est bien connu, des propos sortis de leur contexte restent toujours... sur l'estomac.