Formidable télévision. Elle nous donne chaque jour l'occasion d'observer les comportements des grands fauves qui nous gouvernent. Lorsque deux responsables politiques se rencontrent, il est toujours intéressant d'étudier leurs salutations. À commencer par la façon dont ils se serrent la main. Un signe de politesse qui remonterait au moyen-âge. Époque où il était important de signifier à un interlocuteur qu'une dague n'était pas cachée dans sa manche pour le poignarder. Il se trouve qu'une explication plus scientifique semble donner raison à Aristote pour qui "L'homme est par nature un animal politique". Nous ne ferions en fait qu'échanger des molécules semblables à celles que les animaux reniflent chez leurs congénères. Non d'un chien, nous voici plongés en pleine éthologie. Ce qui éclaire sous un jour nouveau cette photo prise lors des consultations lancées par Emmanuel Macron au lendemain des législatives. Tout, dans la posture de Marine Le Pen, montre que les couteaux tirés lors du débat d'entre-deux-tours de l'élection présidentielle sont à peine rangés. Quand à pouvoir sentir celui qui il y a quelques semaines encore était son concurrent dans la course à l'Elysée, pas sûr que la députée du Pas-de-Calais y parvienne.
Avantage à Marine Le Pen
Dans le domaine de la lecture du langage corporel, Joseph Messinger a été l'un des premiers à s'intéresser à ce code social si courant. Selon l'auteur de La grammaire des gestes : "Une personne qui s’apprête à serrer la main et dont le bras reste en angle droit, collé contre ses côtes, n’a rien à offrir." La règle universelle du degré de spontanéité lisible à l'amplitude d'un geste est ici parfaitement illustrée. L'inclinaison des doigts vers le bas, ainsi que celle en arrière de la tête, valent bien des motions de défiance. La main près du corps de la parlementaire, en dit également long sur le rapport de force établi avec le président de la République. Dans un contexte de majorité relative au parlement, l'avantage est pour la patronne du premier groupe d'opposition. Au fil des reportages d'un JT, il vous est possible de poursuivre cette lecture non verbale des poignées de main. Un dirigeant tient en même temps le coude de son homologue ? Celui qui initie ce double contact cherchera à influencer, voire à manipuler dès qu’il le pourra. Il prend la main de son hôte entre les siennes ? Acte faussement amical, ce geste n’est qu’illusion. Enfin, vous remarquez que l'hôte serre la main droite de son visiteur en posant sa main gauche sur son épaule droite ? Derrière le symbole d'estime ce profile un marquage de dominant. L'autre est vécu comme un inférieur qui doit le respect.