Il y a une dizaine de jours j'ai répondu à l'invitation de l'Association des étudiants et professionnels de Bobigny. Il s'agissait d'animer un atelier de formation* sur la construction de son personnage public. Je sais, ce thème est susceptible d'hérisser les poils de tous ceux pour qui il n'est pas question de jouer la comédie en prenant la parole. Ça tombe bien je pense la même chose. Simplement, partant de l'idée que nous sommes perçus tels que les autres nous représentent et non tels que nous sommes, nous devons réfléchir à l'image que nous souhaitons véhiculer. Dit autrement, autant porter avec authenticité notre masque social. Ce paradoxe, la chanteuse Chris l'a évoqué de façon lumineuse dans l'émission Boomerang sur France Inter le 22 mai dernier. Pour elle : " Le personnage de scène c'est soi. Le soi que l'on choisit. "
Durant trois heures, j'ai donc rappelé plusieurs techniques de communic'acteurs afin de mettre le meilleur de soi au service d'un message. Des trucs issus de mon expérience dans l'audiovisuel, valables en entretien d'embauche comme lors d'une présentation client. Sachant que la première impression que nous donnons se produit en moins de huit secondes, mon conseil n°1 est de s'appuyer sur les gestes et expressions de visage pour cultiver une communication interpersonnelle de qualité. À l'image de ce que nous enseigne la sophrologie, il est important d'être à l'écoute de son corps pour être davantage présent aux autres. Le secret ? Se ménager une part d'auto-observation dans l'action. Elle permet de s'ajuster aux réactions de l'auditoire. Pour citer Stéphane André, il s'agit à chaque fois d'un " RDV " avec nous-même. Il se traduit par un Regard affirmé qui crée du lien avec le public (oui je sais, ce n'est pas évident suivant la culture dont nous sommes issus), un Dos tonique et droit qui nous permet de gagner en verticalité (donc en présence) et une Voix qui porte (est-elle dans les aigus lorsque je suis stressé.e ? Conserve-t-elle toute sa puissance en fin de phrase?)
Pour cela, travailler sa respiration et sa posture avant d'entrer sur " scène " s'avère incontournable. Que nous ayons à nous exprimer debout ou assis. Prenez par exemple l’ancrage de la botte. Une thématique chère à feu Joseph Messinger. Zone la plus éloignée de notre cerveau, les pieds n'en font parfois qu'à leur... tête au grès des émotions qui nous traversent. D'où l'importance de les avoir bien au sol pour y évacuer notre stress et se connecter à la confiance. À défaut, ils trahiront notre manque d'assurance. Il suffit pour s'en convaincre de regarder de quelle manière les chevilles d'un élève se réfugient sous sa chaise durant une interrogation surprise. Ce dernier point fut l’objet d’une séquence particulièrement interactive lors de mon intervention pour l'AEPB. D'autant plus animée qu'elle illustrait les travaux d'Albert Mehrabian sur le primat du non verbal à l'oral. Ce que nous disons compte seulement pour 7 % de ce qui impacte le public. De quoi animer un prochain atelier, dédié cette fois à la construction du message. Il importe en effet de réussir à ce que dans le peu qui marque les esprits, se retrouve 100 % de ce que nous voulons faire passer.
*Merci à Dounia Hannach d’en avoir réalisé les captations vidéo.